Avec les impacts croissants du changement climatique et des événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses exacerbés par la pandémie de COVID-19, la nécessité d'identifier des processus inclusifs et participatifs pour des villes et des communautés durables et résilientes est devenue plus vitale que jamais. Cela comprend le renforcement de la résilience des populations et des écosystèmes naturels grâce à des approches holistiques, fondées sur des preuves, et à travers des partenariats qui soutiennent des solutions globales vers une résilience durable et à long terme de tous.
C’est ainsi qu’en marge du 9ème Forum Régional Africain sur le Développement Durable tenu à Niamey du 28 février au 2 mars, le Niger à travers le Conseil National de l’Environnement pour un Développement Durable (CNEDD) et SLYCAN Trust ont organisé en événement parallèle une table ronde de haut niveau sur les perspectives régionales, les partenariats pour des villes et des communautés durables et résilientes grâce à des approches innovantes, l'entrepreneuriat et la relance verte au Niger.
Les objectifs de la table ronde étaient entre autres :
La migration liée au climat et à l’environnement
La migration a toujours existé et existera toujours. Elle est concomitante à l’histoire de l’humanité. Cependant la migration liée au climat et à l’environnement révèle une dimension alarmante, le mouvement des personnes à mesure que les sécheresses s’intensifient, que les températures deviennent insupportables, que le niveau de la mer monte et que les catastrophes climatiques s’aggravent, des dizaines de millions de personnes seront contraintes de se déplacer. Au-delà du bilan humain qu’elle entraînera et de l’accroissement des inégalités, cette migration liée au climat représente une véritable menace pour la stabilité économique et politique, ce qui pourrait amplifier davantage les conflits déjà existants et dans certaines zones accélérer la dégradation de l’environnement.
La problématique du changement climatique et ses conséquences majeures sur les migrations constitue de plus en plus une réalité à l'ordre du jour des agendas politiques nationaux et internationaux.
Le changement climatique peut être à la base de déplacement des personnes à travers ses effets comme les sécheresses récurrentes, les faibles pluviométries, l’érosion des sols, les inondations.
Impacts de la migration et des déplacements et quel rôle joue le Changement Climatique au Niger.
Deux présentations essentielles ont été faites à l’entame de la table ronde avant le partage d’expérience des représentants de certains pays.
Dans sa présentation Dr Kamayé Maazou du CNEDD a souligné l’importance de la prise en compte de cette thématique dans les politiques de développement et surtout développé les inter relations. « Le changement climatique rend les populations vulnérables, celles qui n’ont pas d’autres solutions que de migrer à la recherche d’un milieu plus propice. Aussi, le changement climatique peut néanmoins rendre les populations plus résilientes en les obligeant à un changement de comportement adaptatif» a-t-il ajouté.
Ensuite, le Secrétaire Permanent du Cadre de Concertation sur la Migration, M. Soli Amadou, a saisi l’opportunité pour rappeler les impacts de la migration ainsi que le rôle du changement climatique au Niger.
« Le Niger, pays sahélien, est particulièrement vulnérable face au changement climatique dans la mesure où ce changement affecte directement les secteurs comme l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’exploitation des ressources ligneuses qui sont les principales sources de production et de maintien des populations dans leurs terroirs » dira-t-il.
Dans le rapport sur l’état de l’environnement au Niger publié en 2020, les principaux phénomènes climatiques sont les inondations, la sécheresse, les tempêtes de sable les températures extrêmes et les vents violents qui agissent de façon drastique sur le rendement de la production.
Ainsi, les conséquences de ces perturbations climatiques se traduisent par un abandon des espaces affectés par leurs occupants et une migration interne ou externe, vers les pays voisins ou au-delà.
Dans le même sens, le rendement des activités productives, notamment agricoles, s'affaiblit, hypothéquant ainsi les moyens de subsistance des populations, qui n'ont d'autre choix que de chercher ailleurs un lendemain meilleur.
Conscient de ces risques associés à ce changement climatique, le Niger s’est doté de documents à savoir le Plan National de l’Environnement pour un Développement Durable (PNEDD), le Programme d’Action Nationale pour l’Adaptation (PANA).
« Il faudra aussi noter la prise en compte des aspects environnementaux et changement climatique dans la politique Nationale de Migration adopté en septembre 2020 par le Gouvernement », ajoute M. Soli Amadou.
Les impacts positifs et négatifs de la migration et des déplacements.
La migration et les déplacements contribuent au développement local à travers les apports de la diaspora, le transfert des compétences, des biens et des idées. Ils participent à la transformation sociale à travers un changement de comportement, etc.
M. Soli a dans sa présentation décrit ces éléments comme impacts négatifs de la migration. La baisse de la productivité consécutive au départ de bras valides. L’accroissement du banditisme dans les centres urbains avec une forte urbanisation (anarchique). L’abandon des écoles par les jeunes, la dislocation des familles et la dégradation des mœurs. La migration demeure un facteur de risque de traite et de trafic des personnes et de leurs biens.
Compte-rendu de l’événement organisé par le Niger à travers le Conseil National de l’Environnement pour un Développement Durable (CNEDD) et SLYCAN Trust :
La table ronde qui s'est déroulée en marge 9ème Forum Régional Africain sur le Développement Durable a été suivie par une quarantaine de participants de 7 pays.
Cette table ronde de haut niveau a réuni le Burkina Faso, le Bénin, le Togo, la Cote d’Ivoire, le Sénégal et le Cameroun, tous ces participants ont contribué à la discussion.
Les participants ont souligné les principaux défis et actions suivants. Parmi les défis partagés figuraient la question sécuritaire qui préoccupe la région du Sahel, la crise de l’emploi avec entrepreneuriat comme alternative, la gestion durable des ressources naturelles et la recrudescence des risques de catastrophe accentuant la crise humanitaire.
En tant qu'actions à entreprendre pour relever les défis liés aux pertes et dommages induits par le climat, la discussion a proposé des mesures telles que la synergie multi acteurs, l’approche basée sur les droits humains, la justice climatique et l’opérationnalisation des fonds sur les pertes et dommages induits par le climat. La discussion a également souligné l'importance et la nécessité du renforcement de capacité des acteurs et la production d'études selon le contexte particulier de chaque pays.
SLYCAN Trust continuera à contribuer à la lutte contre les pertes et dommages induits par le climat en Afrique par le biais de son programme de travail sur les pertes et dommages, ainsi qu'en identifiant les actions clés à mettre en œuvre sur la base de preuves et de la science pour faciliter le renforcement de la résilience à long terme grâce à des politiques fondées sur des preuves et des actions.
Partage d’expériences d’acteurs
En plus des orateurs principaux, les représentants de certains pays, la société civile et d'autres représentants des parties prenantes ont partagé leurs contributions sur la mobilité humaine et les impacts du changement climatique au niveau national et régional.
Adam Abdou de la ville de Niamey (Niger),
L’historique de la croissance démographique de la ville de Niamey notamment : les sécheresses des années 1974 et 1984 et les différentes inondations ont fortement contribué au peuplement de la ville. La ville de Niamey est un carrefour pour la migration transfrontalière (venant de l’intérieur et de l’extérieur du pays). Les perspectives de la ville de Niamey à travers l’élaboration en cours du schéma d’aménagement de la ville et le besoin d’une mise à jour de l’étude de vulnérabilité. Une nouvelle manière de penser les villes s’impose et de plus en plus d’initiatives ont été développées par la ville de Niamey pour renforcer la résilience. Aujourd’hui, une nouvelle ville doit être pensée et des activités jadis développées hors de la ville doivent y être intégrer comme l’agriculture urbaine, les cultures hors sol, le maraîchage etc.
Charles Baimey, Cote d’Ivoire :
Le phénomène des migrants climatiques semble nouveau en Côte d’Ivoire. Depuis quelques années, le pays y est confronté et cela entraîne le déplacement des communautés vers les centres urbains. Ce phénomène développe l’oisiveté et le développement de la délinquance. Ainsi, JVE Cote d’ivoire développe un projet de renforcement de compétences sur l’approche agroécologie à Gagnoua et également une initiative d’épargne villageois avec les femmes. Il n’existe pas véritablement de coordination entre acteurs sur ce sujet et peu de politiques publiques spécifiques.
Emmanuel Seck, Senegal :
Le partenariat Sud-Sud doit être davantage développé pour l’apprentissage mutuel et surtout la mise à l’échelle des bonnes pratiques ayant eu de l’impact dans des pays avec des contextes presque similaires. A travers le partenariat entre le Niger et SLYCAN Trust, des résultats probants seront trouvés. Pour ENDA, depuis des années, plusieurs initiatives ont été développées notamment en lien avec l’approche territorialisation, les activités autour de la chaîne de valeur du lait (Progrès – lait) comme alternative à la crise de l’emploi et de la migration. Le Sénégal est un pays aussi ou la migration est ancrée dans les habitudes des jeunes. Aujourd’hui avec l’érosion côtière et certains risques de catastrophes, la mobilité humaine est de plus en plus perçue comme une alternative sûre. Le développement de projets de résilience avec les acteurs locaux contribue plus au renforcement de la résilience. Les activités de plaidoyer que ENDA porte au Sénégal et au niveau international participe au développement de politiques publiques inclusives basées sur les priorités locales.
Blondel Silonou, Cameroun :
Au Cameroun, les risques de catastrophe comme les éboulements et les inondations accentuent la vulnérabilité des villes comme Yaoundé. Ils occasionnaient plus de déplacements internes des communautés. Ils renforcent les inégalités et la mobilité humaine. Au niveau étatique, l’accent est mis dans le développement de politiques publiques plus intégrées et surtout la favorisation des conditions de développement de entrepreneuriat agricole pour les jeunes et les femmes.
Abdoulaye Ouedraogo, Burkina Faso :
La situation sécuritaire et climatique a occasionné plus de déplacements ces derniers temps, officiellement plus de deux millions de déplacés ont été recensés au Burkina Faso. Les fermes communautaires de résilience ont été lancées par l’ONG APIL comme solution pour la fixation des jeunes dans leur terroir mais surtout pour le développement d’un marché favorable à l’économie verte. Les activités entrepreneuriales permettent de gagner plus de soixante millions de FCFA par an. Ces initiatives sur la chaîne de valeur agricole contribuent à la résilience communautaire dans un contexte de crise humanitaire et climatique. L’exemple de APIL peut être développé aisément partout dans la sous-région.
Dr Marthe Monto, Benin :
Les solutions portées ou proposées par les acteurs de la recherche notamment au sein de l’université agricole de Porto Norvo contribuent à l’innovation du secteur agricole. L’État béninois investi dans la mise à l’échelle de l’information climatique aux producteurs à travers le digital et notamment l’utilisation des langues locales. Le défi majeur demeure la collecte et la fiabilité des données permettant de prendre des décisions idoines. Les inondations menacent des villes comme Cotonou et Ganvier (le village sur l’eau). Les centres urbains continuent d’être de plus en plus peuplés de ruraux abandonnant les terres peu fertiles du milieu rural.
Vositha is an attorney-at-law specialising in public international law, with a focus on international environmental law, UN human rights law, refugee law and EU law. She has over a decade of experience in working on climate change, at national and international level. Vositha is a member of the national expert committee on climate change adaptation of the Ministry of Mahaweli Development and Environment, national expert on vulnerability and adaptation measures for the Third National Communication of Sri Lanka to the UNFCCC for the Ministry of Mahaweli Development and Environment, and is a delegate focusing on compliance, adaptation, loss and damage, and gender for the Sri Lankan delegation to the UNFCCC since 2016. She is also a consultant to the UNFCCC national adaptation plans and policy unit, and worked as a country support consultant to the UNDP NAP Global Support Programme. Vositha has an LLM in public international law from University College London, and an LLB from University of London.